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18 septembre 2012 2 18 /09 /septembre /2012 16:59

    Le fer du Sauerland.

Histoire d’un fer qui devint acier

I. Cadre naturel. Activités minières, métallurgique et commerciales

du Xème au XVIIIème siècles.

La métallurgie du fer au Sauerland de la Mark a connu une histoire extraordinaire.

Elle est apparue tardivement dans un pays doté de ressources naturelles limitées (bois et minerai) qui se sont trouvées épuisées aprèsquelques huit siècles d’exploitation ; de plus le minerai de fer disponible n’était pas dédié à priori à la fabrication de l’acier.

Mais grâce à l’esprit d’entreprise et d’invention de sa population, la métallurgie du fer s’y est développée jusqu’à produire de l’acier, un fer réputé : l’osemund de la Mark, et toutes sortes de produits transformés.

Pour écouler ses produits, le Sauerland de la Mark a bénéficié d’une situation géographique exceptionnelle entre Rhin et Rhur, des voisinages de Cologne, Dortmund et Soest dont les marchands ont participé dès sa formation à la ligue hanséatique...

Un chapitre II traitera des techniques métallurgiques qui ont permis au Sauerland de la Mark d’accéder rapidement à un marché international et de participer au début de la révolution industrielle.

1. Sauerland et Sauerland de la Mark: localisation et cadre naturel.

Le Sauerland est une vaste région dont les limites physiques et politiques n’ont jamais été bien définies.

Dans sa configuration administrative actuelle, le Sauerland comprend le Sauerland de la Mark et à l’est de celui-ci du nord au sud, les districts de Soest, HochSauerland et Olpe, et à l’extrême-est le district de Waldeck-Frankenberg.

Les limites géographiques du Sauerland sont au nord la grande plaine Westphalienne, à l’ouest les collines du Pays de Berg, au sud le Siegerland, à l’est les montagnes du Harz (figure 1). C’est un pays de moyenne montagne (un peu plus de 800 mètres) du massif schisteux rhénan. Le pays est boisé et bien arrosé.

 

Figure n°1

Carte schématique de l’est du Massif schisteux Rhénan

avec le Siegerland (Siegen), le Sauerland (Altena).

Sauerland figure 1

 

Le Sauerland fait partie d’un vaste ensemble appelé Südergebirge situé aujourd’hui dans les états de Nordrhein-Westfalen and Nordwestern Hesse. Le Südgebirge correspond approximativement aux régions historiques du Sauerland, Bergisches Land, Siegerland, pays de Wittgenstein et en partie de la Hesse. Le Sauerland est lui-même partagé en 5 sous régions : Nord-Sauerland, Nieder-Sauerland, Kern-Sauerland, West-Sauerland et Süd- Sauerland. La figure 2 illustre ce morcellement auquel correspond une grande diversite géologique. Le Südgebirge est en outre une région d’une grande complexité politique partagée entre juridictions et confessions concurrentes (Knau 2007).

Au gré des circonstances politiques les frontières du Sauerland de la Mark débordent au nord et au sud-ouest, des limites géographiques du WestSauerland.

 

Figure 2

Le SüderGebirge (d’après Knau 2007)

Altena

Cologne

 

Sauerland figure 2 

2. Histoire du Sauerland

Ce n’est qu’en 1267 que le mot Sauerland apparaît dans un document officiel. Une thèse, d’ailleurs discutée, voudrait que Sauerland dérive par l’allemand « sour » du vieux saxon

« sûðar » (frontière du sud). Au début de notre ère, c’est par le Sauerland alors territoire des Sicambres que les Romains essaient sans succès de conquérir la Germanie à partir de Cologne. Huit siècles plus tard Charlemagne soumet difficilement les Saxons. L’histoire du Sauerland commence au VIIIème siècle avec l’arrivée de colons saxons ; celle du Sauerland de la Mark avec la création vers l’an 1000 du comté d’Altena

En 38 BC, le général romain Agrippa fonde à l’emplacement de la future Cologne, Ara Ubiorum, l’autel des Ubiens, une tribu germaine située sur la rive gauche du Rhin qui avait servi César en 57AD lors de sa conquête des territoires. Après lui Auguste mène une politique offensive contre les germains. En 8 BC, les troupes romaines atteignent la Weser et l'Elbe : la soumission du peuple germain semble acquise. Rome sécurise le pays conquis et envisage de le gérer comme une province de l’empire : un gisement de plomb est même exploité à 120 kilomètres à l'est de Cologne. []

Mais un an plus tard, le gouverneur de la Germanie Varus, à la tête d’une force armée de 20000 hommes dont trois légions, tombe dans une embuscade géante à Teutoburg. Les romains sont massacrés et lui-même est tué. Parmi les tribus germaines qui l’ont battu, se trouvent les Sicambres qui vivent sur la rive droite du Rhin, entre la Ruhr et la Sieg, le futur Sauerland. Citant Tacite, les archéologues soulignent la rareté du fer (sauf chez les Chattes) dans l’équipement des guerriers germains notamment les Sicambres qui ont battu Varus (Chadburn 2006). Le Sauerland ne découvrira la métallurgie du fer que beaucoup plus tard

En l'an 50 Ara Ubiorum devint colonie romaine le plus haut rang juridique d'une cité romaine, sous le nom de Colonia Claudia Ara Agrippinensium, un nom qu’elle a conservé depuis. Comme tous les forums romains du limes rhénan, celui de Colonia est tourné vers la rive droite et le Sauerland : traduction de la volonté de Rome d’impressionner les Germains ou souci d’entretenir avec eux des relations commerciales? En fait les négociants romains continueront jusqu’au IIIème siècle AD à commercer un peu en grande Germanie en y pénétrant par les pontes longi (des routes tracées à travers les marais entre le Rhin et l'Ems), ou encore en remontant les rivières à partir de la vallée du Danube, troquant des métaux et d’autres marchandises, contre du vin, de l’huile, du verre, des poteries et de la quincaillerie. Soumise à la pression des Francs à partir de 275, protégée après 310 par un avant-poste sur la rive droite (Castellum Divitia) à laquelle elle est reliée par le premier pont permanent en bois

Cologne est pillée en 355 puis définitivement conquise par les Francs en 454.

Les trois siècles suivants verront les Francs ripuaires s’opposer au Francs saliens, la création d’une Francia Rhinensis entre Rhin et Meuse, la déposition du dernier roi mérovingien et l’élection comme roi des Francs de Pépin le Bref

Son fils Charlemagne règne sur un empire immense qui comprend la majeure partie de la Germanie, sauf au-delà du Rhin, la Saxe, pays « barbare » puissant et jaloux de son indé-pendance. En 557, les saxonx avaient avaient menacé Cologne, s’étaient joint dix ans plus tard aux Lombards en route vers l’Italie (Paul Diacre 1994, 40); au milieu du VIIIe siècle, à partir du Sauerland, les Saxons continentaux pillaient toujours les provinces limitrophes

 

Figure 3.

Développement de l’Empire Franc. Marches du Nord-est.

 

Sauerland-figure-3.jpeg 

 

La Saxe conquise par Charlemagne de 777 à 797 a été définitivement pacifiée en 804

Auparavant, c’est du Sauerland que partaient les incursions saxonnes.

Charlemagne fait sa première expédition en Saxe en 772 ; mais il faudra attendre 804 pour que la soumission des saxons ne sera acquise qu’en 804 : toute l'ancienne Germanieentre alors dans la civilisation (figure 3). Après sa mort, son empire est divisé en trois royaumes etLouis le Germanique reçoit la Francie orientale, c'est-à-dire la Germanie. En 911, le jeu des successions amène la dynastie Saxonne sur le trône impérial. Henri l‘oiseleur descendant de Louis le Pieux fils de Charlemagne se démarque de la dynastie franque dont il est issu. La Germanie est alors un pays énorme (500000klm2) et peu peuplé. Othon 1er en est couronné empereur à Rome en 962. Son frère est archevêque de Cologne…Quand le dernier empereur saxon Henri II meurt en 1024 sans descendance , le principe électif, de règle dans le Saint Empire Romain Germanique s’applique une fois de plus.

Dans l’Allemagne du XIème siécle, le Sauerland est situé à l’extrême sud de la Saxe, au nord de la Basse-Lorraine et de la Franconie.

 

Figure 4

l’Allemagne aux XIème et XIIème siècles

(d’après Bogdan 1999,90)

Sauerland-figure-4.jpeg 

 

De l’an mil au temps moderne, par référence à la carte du Südergebirge (figure 2), les correspondances entre régions naturelles et entités politique fixent quelques repères de son histoire compliquée.

*Au Nordsauerland correspond le Duché de Westphalie détaché en 1180 du duché de Saxe par Frédéric Barberousse qui le donne à l’archevêque de Cologne, annexé en 1803 par le Landgraviat de Hesse-Darmstadt, inclus en 1807 dans le Royaume de Westphalie créé par Napoléon, royaume dissous en 1813.

*Au Mittelgebirsche et Obergebische correspond le comté de Berg, fondé en 1050, duché en 1408, duché de Julliers, Berg et Clèves en 1511, incorporé à la France en 1806 (département de la Roer), et enfin à la Prusse en 1815.

*Au Siegerland correspond le comté de Nassau fondé en 1100, principauté au XVIIIème, duché en 1816, annexé par la Prusse en 1866.

*Au Westsauerland correspond le Comté d’Altena détaché du comté de Berg en 1161 et devenu comté de la Marck en 1262. En 1200 la région d’Altena devient le Comté de la Mark .

 

C’est un état influent du Saint Empire Romain Germanique du cercle de Basse Rhénanie-Westphalie. Par le jeu des successions et apanages, le comté de la Mark est rattaché au duché de Clèves en 1394, puis aux duchés de Clèves-Jülich-Berg jusqu’en 1609 année à laquelle la dynastie régnante s’éteint. Après une longue querelle de succession, il échoit en 1614 à la maison de Brandebourg.

En 1622 le Comté de la Mark est pris  dans la tourmente de la Guerre de Trente ans.  Les troupes mercenaires du luthérien Christian de Brunswick  opposées à celles du chef de guerre catholique wallon T'serclaes de Tilly ravagent  les régions de la rive droite du Rhin de Francfort à Dortmund. En 1623 Tilly est définitivement victorieux à la bataille de Stadtlohn à l'ouest de Munster.

L’électeur de Brandebourg devient roi en 1701: dès lors, le comté de Mark fait partie du royaume de Prusse. Son territoire correspond approximativement à ce qui est désigné ici comme Sauerland de la Mark.

 

La figure 5 donne la configuration politique du Sauerland au milieu du XVIIème siècle

 

Figure 5.

Comté de la Mark , Duché de Berg, Duché de Westphalie

et Principauté de Nassau vers 1645

     Suerland figure 5

 

A la fin du XVIIIème le comté de la Mark fait donc partie du Royaume de Prusse. En 1742 ce dernier a fait la conquête de la riche et industrielle province de Silésie aux dépens de l’Autriche (guerre de succession d’Autriche). Au cours de la guerre de sept-ans (1756-1783), la Prusse s’allie à la Grande Bretagne contre la France et l’Autriche : la Grande-Bretagne a des visées sur les colonies et établissements français en Amérique du Nord et en Inde, et l’Autriche veut reconquérir la Silésie. Au terme du conflit la Grande-Bretagne qui s’impose comme la première puissance mondiale, contrôle l’Amérique du Nord et l’Inde tandis que la Prusse qui a définitivement conquis la Silésie, régit désormais l’équilibre politique des États allemands.

Au cours d’un bref épisode napoléonien, après la défaite d’Iéna, la Prusse perd la moitié de ses territoires dont le Comté de la Mark (y compris Essen, Werden et Lippstadt), au second traité de Tilsit (juillet 1807). La Prusse le retrouve en 1813 après la défaite de la France.

Rem .

Dans ce qui suit, compte-tenu de la difficulté à faire correspondre dans le temps frontières naturelles, politiques et économiques, on parlera de « Sauerland de la Mark » plutôt que de « Comté de la Mark ».

 

3. Le commerce international du Sauerland de la Mark au XVIIIème siècle.

A la fin du XVIIIème siécle, la situation économique du Sauerland de la Mark est florissante. Il la doit au développement continu de la métallurgie du fer et de l’acier suivi après épuisement de ses ressources naturelles en bois et en minerai, par des fabrications de transformation de demi-produits métalliques importés des règions voisines. Il la doit aussi, dès le XIVème siècle, à la commercialisation internationale de ses fabrication par la Hanse

Dans les années 1780, la Prusse qui a définitivement conquis la Silésie s’intéresse aux nouvelles technologies industrielles anglaises : haut fourneau au coke, puddlage de la fonte, fabrication de l’acier, machine à vapeur… (P.M. Jones 2009, 72). A l’initiative de son commissaire pour les mines et usines Friedrich August Aller Eversmann, elle recherche vainement des transferts de technologie au profit de la Silésie en envoyant des visiteurs en Angleterre ou en invitant des spécialistes anglais (Blanken 2005) .

C’est ans doute après avoir remarqué l’importance économique du Sauerland de la Mark et du futur Rhur Gebiet, qu’en 1783, l’administration prussienne nomme Eversmanncommissaire chargé du développement économique, en particulier des usines de transformation des métaux du comté de la Mark, au siège d’Hagen.

Eversmann continue à voyager en Hollande, en Angleterre, visitant les usines locales, étudiant les techniques de production ; ce qui lui vaut d’être accusé d’ « espionnage industriel ». Il travaille ensuite dans la Ruhr, participe à un projet pilote de transport ferroviaire de charbon d’Hattingen au port fluvial de Ruhrort. En 1786 il participe à l'achat d'un moteur à vapeur Watt de conception anglaise pour une mine de Silésie récemment ouverte. Il s’intéresse à la désulfuration du coke, à l’amélioration des procédés de fabrication du plomb et de nombreux autres sujets. Il se fait aaussi connaître par de nombreux articles traitant de la diffusion des nouvelles technologies.

En 1804, Eversmann alors commissaire royal pour la guerre, les finances, les mines et l’industrie pour la région située entre les rivières Lahn et Lippe, publie à Dortmund alors occupé par les troupes napoléoniennes un ouvrage intitulé : « Uebersicht der Eisen- und Stahl-Erzeugung auf Wasserwerken in den Ländern zwischen Lahn und Lippe und in den vorliegenden französischen Départements ».

Il est écarté par l’administration française après le traité de Tilsit (1807).

Outre l’ouvrage d’Eversmann, deux autres documents contemporains renseignent sur la situation économique du Sauerland de la Mark à la fin du XVIIème siècle : un rapport de visite d’une délégation d’entrepreneurs sarrois, et un livre du polytechnicien français Antoine-Marie Héron de Villefosse, Ingénieur en chef des mines et usines de l’Empire français, ex-inspecteur général des mines et usines des pays conquis : De la Richesse Minérale. Considérations sur les mines, usines et salines des différents états et particulièrement du Royaume de Westphalie pris comme point de comparaison Tome I, Division économique Paris, 1810. Ces trois sources sont admiratives devant le dynamisme économique du Sauerland de la Mark.

Eversmann prèsente le Comté de la Mark, comme un fleuron industriel du royaume de Prusse, une région exportatrice de produits sidérurgiques dans le monde entier (1804, 192-193). Il décrit ses habitants comme modestes et discrets, en même temps qu’actifs commerçants en contact avec tous les pays industriels qu’ils parcourent pour vendre les produits de leur métallurgie dont le célèbre fer osemund (Eversmann 1804,44)

Une délégation d’entrepreneurs de forges de Dillingen ( en Sarre alors département français) visitant en 1803 le comté de la Mark est émerveillée (Journal des Mines 13, 78)

« Le pays de Berg dont la plus grande étendue est de 28 lieues sur 10, est hérissé de montagnes inaccessibles et arides qui ne sont coupées que par de petits ruisseaux. Les approvisionnements ne peuvent y arriver que par des charges à dos, vu la difficulté des communications. Le bois y est excessivement cher et rare ainsi que la houille. Néanmoins c’est dans une situation aussi désavantageuse et lorsque la nature a tout refusé au Pays de Berg, que l’on y voit les plus belles manufactures d’acier, faulx et clincaillerie de tout genre dont l’existence n’est due qu’à une industrie admirable…(et) la célèbre manufacture d’armes et d’outils de Solingen, dont les produits sont exportés vers toute l’Europe».

Héron de Villefosse décrit « l’industrie florissante » du comté de la Mark, et ses innombra-bles fabriques de marchandises métalliques, taillanderie et quincaillerie (Héron de Villefosse 1810, 172-176).

Sa description apporte des précisions sur les conditions de cette production ; la houille d’Essen (qu’il inclut dans le Comté) est la seule matière première disponible ; le fer est importé du Siegerland et du Westerwald voisins (Héron de Villefosse 1810, 41).

Eversmann l’a renseigné sur La fabrication des fils de fer et d’acier, la plus ancienne du comté de la Mark où une fabrique porte encore le nom de « Cottes de maille », une des spécialités ancestrales d’Altena.

Héron de Villefosse regrette que ces fabriques ne soit pas situées dans le Royaume de Westphalie qui, surtout producteur de matières primaires, en est fort dépourvu .

Il apparaît donc à la lecture des trois sources précédentes, que si l’économie du Sauerland de la Mark est florissante à l’aube du XIXème siècle, c’est grâce au dynamisme industriel et commercial dont ses habitants font preuve de longue date. La métallurgie est prospère malgré des ressources naturelles limitées à la force hydraulique de nombreuses rivières ; le pays manque de minerai de fer et de bois (l’utilisation de la houille en métallurgie que propose Héron de Villefosse à propos des mines d’Essen, est trop récente pour être prise en compte). La question est donc de savoir comment, le dynamisme et l’inventivité de ses habitants ont pu être seuls à l’origine de cette situation.

Une première analyse apporte quelques explications : une métallurgie du fer qui repose sur une tradition très ancienne, une économie tournée vers l’exportation, une organisation commerciale très solide fondée sur de vieilles traditions de ventes, des prix avantageux et une haute qualité des produits (Thuillier 1961, 877-907).

Cette réputation de haute qualité était reconnue internationalement au XVIIéme grâce à deux produits le Flemish Steel (German Steel) et à l’osemund Markois.

Dans une Encyclopédie des arts mécaniques rédigée entre 1677 et 1683 L’anglais Joseph Moxon cite parmi les aciers importés par l’Angleterre le flemish steel, - seul acier dont on peut faire des ressorts de montres, que les métallurgistes anglais chercheront à imiter sous le nom de German steel.

The flemish steel is made in Germany, in the Country of Stiermark and in the land of Liege ; from thence brought to Colen , and is brought down the River Rhine to Dort, and other parts of Holland and Flanders … and is therefore by us called Flemish steel… It is a though sort of steel , and the only steel used for watch springs. It is also good for punches; File-cutters also use it to make their chisels of, with which they cut their files (Moxon 1703)

Le pays de Stiermark que cite Moxon, souvent traduit par Styrie (Alpes aurichiennes), est en fait le Sauerland de la Mark. Le Flemish Steel ou German Steel était fabriqué à Remscheid à 10 km de Solingen et arrivait à Bristol transitant par la Hollande (R R Angerstein‘s, Illustrated Travel diary 1753-1755, translated by Torsten and Peter Berg, 2001, 23).

L’osemund Markois permettait la fabrication de fils de fer et d’acier, spécialités du Sauerland de la Mark. Héron de Villefosse indique une production annuelle de 180000 paquets de fil de fer et 300000 livres de fil d’acier à Altena, Iserlohn et Lüderscheid.

Si Eversmann, les entrepreneurs de Dillingen et Héron de Villefosse indiquent qu’au XVIIIème le Sauerland Markois est toujours difficilement pénétrable, c’est que sa très ancienne tradition métallurgique ne s’explique à l’origine que par des ressources naturelles propres à la région, épuisée au XVIIIème siècle

L’énergie hydraulique est abondante : “dans des vallées étroites et rapides, les fabriques se succèdent sans interruption et le cours d’un même torrent donne souvent l’activité à plus de cinquante ateliers … (Héron de Villefosse 1810, 171); elle a été exploitée très rapidement.

Au temps des premières opérations métallurgiques, la région était couverte de forêts et le bois ne manquait pas. Ces forêts seront longtemps exploitées sans que la nature du terrain en permette le renouvellement : les entrepreneurs de Dillingen ne découvriront que des montagnes arides. Enfin nous verrons que le minerai de fer n’y avait pas toujours manqué.

 

Ainsi au début du XVIIème siècle , le Sauerland de la Mark disposait encore donc des ressources naturelles nécessaires à la fabrication d‘un produit de haute qualité, essentiel au développement la future révolution industrielle : le German steel.

 

Edmond Truffaut

Le fer du sauerland  (1)

www. manganeseandsteel.fr

Septembre 2012

 

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